Friday, 10 June 2016

Entretien - Sebastian Maslow





Sebastian Maslow
Professeur adjoint (Science Politique) à l’Université de Tohoku



Q: Comment concevez-vous ou évaluez-vous une méthodologie?
Ma recherche porte sur le rôle des réseaux de connaissance, en particulier les Groupes de Réflexion dans le processus de la politique étrangère du Japon. A différentes étapes d’un processus politique, la définition du problème et l’élaboration du programme de travail évoluent d’une manière informelle; c’est le cas également du Japon, où les liens étroits entre les coalitions du gouvernement conservateur, la bureaucratie et le secteur d’entreprise s’agissent d’une caractéristique déterminante pour la plupart de l’histoire politique post-guerre du pays. Tenir compte de l’effet causal des idées est une tâche complexe voire impossible pour l’analyse de la science politique. De ce fait, l’évaluation de l’effet des Groupes de Réflexion dans cet environnement politique nécessite une maîtrise des méthodes qualitatives de recherche, combinant entretiens approfondis des affiliés du Groupe de Réflexion. La conception de recherche doit couvrir des horizons temporels plus longs afin d’évaluer les conditions institutionnelles en mutation sous lesquelles les Groupes de Réflexion exercent de l’influence. La recherche qualitative de ce genre cherche à tracer l’évolution des idées politiques (ma propre recherche est axée sur le débat récent sur les institutions de sécurité du Japon et l’auto-défense collective comme cela évoluait sous le régime du premier ministre Shinzo Abe depuis 2012). Une maîtrise globale des compétences linguistiques de japonais est nécessaire pour prendre en compte des publications et des débats du média du Groupe de Réflexion afin de situer les Groupes de Réflexion dans le dialogue auprès des agences gouvernementales au sein des réseaux de connaissance complexes au Japon.

Q: Votre recherche est-elle principalement motivée par la demande ou l’offre?
Ma recherche est peut-être motivée à la fois par la demande et l’offre. Motivée par l’offre veut dire une bourse qui est issue d’une perception d’un véritable problème académique. Quant à la recherche sur la communauté du Groupe de Réflexion au Japon, il existe peu d’analyse compréhensive pour évaluer leur rôle dans le processus politique. Pendant ce temps, le besoin en expertise politique et en conseil extérieur a augmenté étant donné que le Japon fait face aux défis en ce qui concerne ses institutions économiques et sociales. Cela se manifeste sous forme d’une crise économique déjà en cours, amenée par une croissance lente et un changement rapide démographique. A cet égard, la bourse accordée pour les réseaux de la connaissance au Japon est également motivée par la demande. Finalement, il est attendu qu’une documentation de plus en plus abondante sur le sujet des Groupes de Réflexion et sur les régimes de savoir en science politique se concentre sur l’Asie.

Q: Quelle est l’importance de la rigueur académique en termes de dimensions techniques, économiques, sociales, politiques et environnementales?
Viser un haut degré de rigueur académique à travers toutes les dimensions est cruciale pour l’analyse scolaire, car seule l’analyse rigoureuse en sciences sociales attirera la confiance nécessaire à assurer la pertinence du discours public. L’érudition comme les autres sites du discours public doit être tenue responsable et transparente pour sa conduite; c’est en observant les normes d’enquête sociale les plus élevées que l’université peut jouer un rôle important dans l’évolution de la société et dans la responsabilisation du pouvoir politique.

Q:  A votre avis, une approche et un engagement consultatifs avec les différentes parties prenantes sont-ils un modèle réalisable?
Une enquête sociale a besoin de se distinguer de l’engagement consultatif en matière du débat social. L’université exerce une influence compte tenu de sa distance critique par rapport aux objets de recherche et non pas de son emmêlement direct avec eux. Les derniers mettent en danger le fondement de la confiance du public dans l’enquête sociale étant donné que l’engagement consultatif comporte le risque de la perte de l’objectivité. Une distinction claire doit donc être établie entre l’enquête sociale et le conseil politique; les universitaires sur tous les deux côtés de l’analyse politique doivent être conscients d’un œil critique de leur rôle dans l’orientation du débat social.

Entretien - Sabyasachi Kar



Sabyasachi Kar
Professeur associé, Institute of Economic Growth




Kunal Sen
Professeur of Development Economics & Policy, SEED, University of Manchester, UK




Nota: Les questions ci-dessous sont destinées à une conversation avec le chercheur plutôt qu’à une enquête
Ces questions font l’objet d’une recherche pour un livre à paraître édité chez Palgrave MacMillan:
The Political Economy of India's Growth Episodes de Sabyasachi Kar (Institute of Economic Growth, India) et de Kunal Sen (IDPM, University of Manchester, UK).

Résumé du livre 

Pendant des décennies à la suite de son accession à l’indépendance, l’économie indienne a souffert des faibles perspectives de croissance, ce qui est décrit depuis lors sous le fameux nom de 'le taux Hindou'. Au cours de la fin des années 1970 ou du début des années 1980, les choses ont commencé à s’améliorer et dès le second semestre de 1990 et durant les années 2000s, le rapport de forces s’est complètement modifié avec l’entrée de l’Inde dans le petit groupe de pays qui constituaient des exemples de succès de croissance. Pourtant, récemment, ce récit du miracle de la croissance émergente de l’Inde était mis en question lorsque les taux de croissance ont ralenti considérablement après 2010. Ce livre tente d’expliquer ces épisodes de croissance distincts en Inde en allant au-delà des déterminants immédiats de la croissance tels que l’investissement, l’export, l’infrastructure etc., et présentant un cadre d’analyse d’économie politique reliant ces épisodes aux changements plus importants dans l’économie et la politique. Nous soutenons que les transitions d’un épisode de croissance à un autre peut s’expliquer par les relations bidirectionnelles entre les résultats de croissance  et les arrangements institutionnels, et la façon dont les arrangements institutionnels et leurs transitions sont déterminés par les négociations politiques conclues entre les groupes d’élite dans la société indienne.

Q:  Dans cette recherche, l’un des points de l’engagement qui attire l’attention du lecteur est la profonde compréhension qui détecte et aborde (sous forme de connaissance et de preuve) la dynamique vécue de la croissance et du développement dans les pays.
Les mots qui figurant dans cette recherche tels que la complexité, l’ordre, le désordre, les expériences de croissance, les espaces de produit suggèrent une distanciation par rapport à l’économie pure.

Q: Comment cette recherche commence-t-elle et évolue-t-elle dans l’esprit des chercheurs comme vous-même Sabyasachi et Kunal Sen? Le cadre/théorie de Lant Pritchett était-il/elle un espace de pensée que vous avez déjà habité(e) avant que cette recherche ne commence?
Le cadre de Lant aide à expliquer certaines énigmes associées aux institutions et à la croissance, en particulier dans les pays en voie de développement. Méthodologiquement, ce cadre peut être testé en utilisant des résultats d’études portant sur plusieurs pays et des études de cas portant sur un pays particulier. Notre précédent travail et les publications faisaient l’objet des données internationales et nous voulions toujours les faire suivre par les études de cas portant sur un pays particulier car celles-ci fournissaient une compréhension plus détaillée de ces problématiques. C’est ce qui nous a conduits à assumer l’étude d’Inde.

Q: Pourriez-vous partager avec nous la méthodologie de recherche que vous avez adoptée pour ce livre? Comment décrivez-vous la nature des preuves et les résultats obtenus de cette étude? Pour le lecteur cela constitue un grand intérêt étant donné que les résultats semblent offrir un cadre d’apprentissage d’utilisation pratique et d’expérimentation (surtout pour les décideurs politiques) plutôt que la preuve considérée comme une vérité absolue.
Il existe quatre types distincts de méthodologies que nous avons adoptées dans ce livre. La première est une approche statistique qui est utilisée pour identifier les régimes distincts de croissance de l’économie indienne pendant la période postindépendance.  La seconde c’est un ensemble d’enquêtes exploratoires auprès des informateurs clés qui nous ont permis de comprendre la nature des institutions informelles en Inde. La troisième c’est une approche analytique qui a utilisé les données existantes et publications en vue de soutenir nos hypothèses. Finalement, la quatrième méthodologie utilisée est un ensemble d’études de cas propres aux secteurs et aux entreprises qui ont permis une meilleure compréhension des problématiques.

Q:  Quel est le point de départ dans cette méthodologie qui est utilisé pour cette étude de recherche par rapport aux précédentes méthodologies que vous utilisez? Comment est-il différent? 
Les problématiques abordées dans ce livre sont multidimensionnelles, complexes et ne se prêtent pas facilement à la quantification. Nous savions dès le début qu’une approche méthodologique standard n’était pas susceptible de les éclairer suffisamment. De ce fait, le principal départ – du point de vue méthodologique – consistait à adopter plusieurs méthodologies et outils alternatifs afin de donner du sens à ces problématiques.

Q: Quels ont été les défis auxquels vous avez dû faire face (en ce qui concerne la méthodologie ou d’autres aspects tels que attirer l’attention de différents publics etc.) dans la conduite d’une recherche comme celle-ci?
L’un des défis les plus critiques a été d’obtenir les informations sur les activités qui sont considérées moralement ou légalement inacceptables (par exemple le partage du profit parmi les groupes élites et le capitalisme de connivence) ou qui sont non-transparentes de nature ("ententes spéciales" entre les élites politiques et économiques).

Q: Quel serait d’après vous l’impact de cette recherche? 
Les ouvrages d’avant-garde sur la croissance économique des pays en voie de développement a déplacé l’attention des déterminants immédiats tels que l’investissement, les exports, la politique etc. vers des facteurs profonds tels que les institutions économiques et politiques. Une analyse du rôle de ces déterminants profonds dans l’essor économique de l’Inde, a été pourtant limitée. Ce livre tente de corriger cette lacune et encouragera sans faute davantage de contributions à ce domaine d’étude important.     

Interviewé par Susan Koshy 
Designer des Expériences d’Apprentissage, Traducteur de la Connaissance et Curateur 


French Article - Bruno Paschoa

Partage de la carte de la recherche




Dans tout projet de recherche politique ou en sciences sociales, un grand nombre de données est recueilli et produit par les chercheurs et par leur équipe sous forme de publications, base de données, flux de travail, diapositives, méta données, journaux, transcriptions des entretiens, législation, pour n’en citer que quelques-unes. Il s’agit là des objets de recherche qui seront analysés, puis les constatations et les rapports seront appuyés par les éléments de preuve. Cependant, la plus grande partie de ces données n’est jamais publiée, ni partagée avec personne en dehors de l’équipe de recherche.

Pour utiliser une métaphore, si tous ces objets forment une carte de recherche,                          ce que rendent public les chercheurs n’est qu’un chemin à travers la carte – un document, une présentation, une conférence – mais jamais la carte entière. Les lecteurs ne peuvent pas trouver leur chemin tout seuls et sont obligés de suivre les voies linéaires mises en place par le chercheur.
 Lien de présentation de Prezi: https://prezi.com/embed/2mlurujmuon2/

Chez Onda, nous croyons que le partage de la carte de recherche complète (ou d’une majeure partie de celle-ci) peut assurer différents avantages non seulement pour les chercheurs mais également pour la société entière car, en agissant de la sorte, cela pourra faire accroître les retombées des projets de recherche en:

1. assurant davantage de transparence et en permettant une meilleure reproductibilité: lorsque les lecteurs ont un accès facile aux objets sur la base desquels a été réalisée une analyse de recherche (les données “brutes”), ils seront en mesure d’effectuer une meilleure évaluation de la fiabilité des informations, de vérifier l’exactitude de l’analyse et des résultats, de reproduire des résultats et voire d’établir des contacts avec les auteurs en vue de solliciter des suggestions, de faire des corrections et d’apporter des améliorations pour les versions futures.

2. élargissant le public potentiel: on est à la recherche d’informations à plusieurs reprises sur un sujet donné (l’histoire d’une politique, par exemple) et on trouve un document y afférent, mais avec une approche différente (une étude de son efficacité). Pourtant, dans ce document, on constate un chapitre superficiel (secondaire/de base) à propos de son histoire, même en citant un entretien réalisé ou un document recueilli mais pas disponible sur Internet. Dans ce cas, si on avait accès à une carte de recherche, on pourrait obtenir les objets pertinents (secondaires), les recentrer et reconnaître toujours la contribution de l’ ou des auteur(s) en citant le projet de recherche, source de données obtenues.

3. économisant le temps et les ressources provenant des autres: dans le cadre de nombreux projets, la collecte et la préparation des données sont consommatrices de temps: la compilation ou la transcription des données quantitatives provenant de différentes sources peuvent prendre plus de temps que l’exécution de régression et l’analyse des résultats; conduire un entretien avec un acteur clé implique d’habitude des déplacements et des coûts d’opportunité que certains ne peuvent se permettre. En partageant la carte avec les autres, on pourrait réduire les coûts et économiser le temps des autres en leur permettant ainsi de réutiliser et recycler leurs efforts déployés précédemment.

Chez Onda, ce sont des moyens différents que l’on expérimente pour ouvrir la carte de recherche aux autres: allant du partage avec les autres du dossier principal de la recherche au moyen de Dropbox ou de Google Drive à la création des rapports multimédia et interactifs au moyen à l’aide du logiciel tel que Scalar. Toutes les tentatives sont analysées, les obstacles rencontrés sont éliminés, puis les compétences nécessaires et les incitations souhaitées sont déterminées et partagées.

Jusqu’à présent, nous avons relevé trois éléments manquants qui auraient le potentiel de changer la situation:

1. Les incitations manquantes: Les parties prenantes qui pourraient plus facilement inspirer ce changement– les revues et les bailleurs de fonds – n’ont plus besoin de demander aux chercheurs de partager leurs objets de recherche (surtout dans le cadre des sciences qualitatives).

2. Les outils manquants: Malgré le fait qu’Il existe un nombre croissant de dépôts de données en ligne (en principe, le lieu de partage des données), ce n’est rien d’autre qu’un espace de stockage et ne permet vraiment pas d’accès facile et lié aux données aux utilisateurs.

3. La communauté manquante: Actuellement, très peu de personnes travaillent sur cette problématique de sorte qu’aucune communauté n’utilise ni adopte les outils existants, aucune communauté partage ses leçons et ses connaissances sur le partage de données (comme c’est le cas d’un mouvement des logiciels libres).

En résumé, si nous souhaitons voir davantage de cartes de recherche disponibles en ligne, nous devons commencer à mener des expériences pour démontrer aux autres les avantages du partage. Il n’y a rien de plus beau que le pouvoir de l’exemple pour inspirer le changement, que de mettre en place un mouvement et une communauté dotés de suffisamment de pouvoir pour exercer une influence sur les bonnes parties prenantes afin de changer le status quo. Soyons ce changement que nous souhaitons voir dans le monde; chez Onda, nous avons déjà contribué à l’étape initiale. Consultez notre dernier projet  et veuillez nous envoyer vos commentaires.

French Article - Nisha Arunatilake

Leçons tirées de l’Enseignement de la Méthodologie de la Recherche à l’IPS




Un bon cuisinier prend la peine de se procurer les meilleurs ingrédients et connaît divers moyens de regrouper ces ingrédients pour créer des plats spécialités du chef. La recherche de pointe c’est un peu comme faire de la cuisine. Cela nécessite la connaissance des données disponibles, la connaissance des techniques de recherche et un peu de créativité. A l’Institut des Etudes Politiques de Sri Lanka (IPS) j’ai participé à l’enseignement des méthodes de recherche destiné aux économistes junior au cours des cinq dernières années. Dans ce blogue je partage avec vous ce que j’ai appris dans mes tentatives d’améliorer la rigueur méthodologique parmi nos chercheurs.
Les éléments fondamentaux sont importants, tant au niveau de la cuisine que de l’exécution de la recherche. L’une des premières formations méthodologiques à l’IPS consistait à enseigner l’analyse distributionnelle. La formation commençait avec l’explication des concepts du revenu et l’agrégation de l’information sur le revenu en vue d’arriver au revenu disponible. Mais de nombreux chercheurs junior ne disposaient pas de compétences de base pour traiter de grands jeux de données. Les chercheurs se sont enlisés dans les détails de la programmation informatique. Alors que plusieurs d’entre eux ont terminé la formation, ils étaient incapables d’apprécier totalement l’analyse de distribution et de l’utiliser d’une manière efficace pour répondre aux questions de recherche.

Retenant des enseignements de cette expérience, l’IPS a lancé une série de formations de base afin d’enseigner aux chercheurs comment traiter de gros jeux de données, les réorganiser et créer des variables de manière à être plus libre, au cours des formations méthodologiques avancées, de se concentrer sur cette formation méthodologique sans être entravés par les détails de l’analyse. Bien que la seconde méthode soit plus réussie dans l’enseignement des concepts méthodologiques avancés, de nombreux chercheurs junior n’ont pas mis à profit les techniques apprises dans leur travail de recherche. Une discussion avec les chercheurs ont révélé que cela est dû au fait qu’ils manquaient de confiance dans l’application des techniques économiques dont ils connaissaient bien les aspects théoriques.

La pratique rafferme la confiance. Afin de surmonter ce problème, la phase suivante de la formation méthodologique à l’IPS s’est employée à donner aux chercheurs junior une expérience pratique dans la réalisation des travaux de recherche. Chaque chercheur a été associé avec un chercheur senior en fonction de leur intérêt de recherche. Les chercheurs junior ont été ensuite demandés de traiter des projets qui utilisaient l’une des méthodes de recherche apprise avec le soutien des chercheurs senior. Bien que cette méthode ait réussi à produire une série de bons documents de recherche, elle n’a pas réussi à atteindre l’objectif plus large d’améliorer la production de documents de recherche d’une méthodologie plus rigoureuse.  

La créativité aide à se distinguer. Un bon cuisinier peut doter un plat simple comme une omelette d’une saveur inégalée. Ma collègue a rédigé récemment un document de recherche sur les déterminants sociaux des résultats des soins de santé. Elle a utilisé une méthodologie de recherche sophistiquée développée par la Banque Mondiale et appliquée sur les données de l’Enquête démographique et de santé du Sri Lanka. Le document était valable sur le plan méthodologique, et les résultats obtenus étaient globalement pertinents pour le Sri Lanka. Néanmoins, certaines difficultés sont apparues pour sa publication au niveau international. Le problème c’était que la plupart des revues internationales avaient déjà publié des documents semblables.

Contrairement à il y a dix ans, grâce à un meilleur accès aujourd’hui à Internet et à des sources classiques de données, les chercheurs sont en mesure de mener très facilement des recherches de bonne qualité axée sur les politiques. Etant donné cet accès facile aux données et aux outils informatiques, les chercheurs ont tendance à tenter de caser les méthodologies dans les questions de recherche, ce qui se traduit par un grand nombre de documents de recherche très similaires.  Pourtant, pour que la recherche se distingue et soit pertinent à un moment précis, les besoins en  recherche devraient avoir pour point de départ les bonnes questions de recherche. Une fois les questions de recherche posées, on doit vérifier la disponibilité de données susceptibles de répondre à la question que pose la recherche et choisir la méthodologie de recherche appropriée qui saura le mieux répondre à la question recherche qui est posée, compte tenu des données disponibles. Cela suppose d’être créatif.

La principale mission d’un chercheur politique est de formuler des recommandations pour pouvoir améliorer les résultats économiques d’un pays. Cette tâche est accomplie en cernant des questions de recherche d’actualité. Les méthodologies de recherche aident les chercheurs à trouver les réponses à ces questions, compte tenu des données disponibles. Une vaste connaissance des méthodologies de recherche et des sources de données disponibles devrait élargir le champ de recherches, mais afin de mener une recherche avant-gardiste qui se démarque, il faut surtout être créatif – comme un bon cuisinier qui sait donner à vos plats de base une saveur inégalée! 

French Article - Andrea Ordonez

Choix méthodologiques pour éclairer la politique




Il existe une perception persistante qu’il y a une tension entre la recherche rigoureuse et la recherche pertinente (tension between rigorous research and research being relevant), ce qui accroît ainsi la chance d’avoir un impact. Bien évidemment, je comprends les origines de cette tension. Par exemple, certaines méthodes rigoureuses nécessitent davantage de temps que celles accordées par les fenêtres politiques, une réconciliation qui n’est pas toujours facile. 

Néanmoins, je crois qu’il devrait y avoir des possibilités par lesquelles une recherche peut effectuer de meilleurs choix méthodologiques qui peuvent s’avérer rigoureuses  et cohérents également avec le contexte politique. C’est pourquoi dans Politics et Ideas, nous développons un ensemble d’outils, et des stratégies du renforcement des capacités qui ont pour but d’accompagner les chercheurs dans le manœuvre parmi les choix méthodologiques avec la boussole orientée sur les priorités politiques. Sur ce sujet, j’aimerais bien partager quelques idées justement sur le manœuvre parmi les choix méthodologiques que les chercheurs peuvent garder en esprit pour leurs projets actuels et futurs. 

1. La distinction entre la recherche qualitative et quantitative n’est pas très informative.
Lorsque les chercheurs décrivent leurs choix méthodologiques, ils déclarent d’habitude s’ils se servent de méthodes quantitatives, qualitatives ou mixtes. Ces catégories n’aident pas vraiment à la compréhension précise de ce qui se passe, ni comment cela répond en tant que question de recherche. Par ailleurs, cela peut évoluer vers une concurrence entre ceux qui appartiennent au “camp” qualitatif et ceux du « camp » quantitatif, une discussion peu féconde, car chaque méthode présente ses points forts au niveau de certains types de questions, et ses limites au niveau des autres. Dans le cadre de l’évaluation de ce qui est la meilleure méthode, essayez de changer de perspective et d’aller au-delà de ces catégories.

2. Les méthodes de recherche comme votre propre couteau suisse
L’une des façons d’envisager les méthodes consiste à imaginer qu’elles sont comme un couteau suisse: un ensemble d’outils, chacune dotée d’une force particulière. Par exemple, vous ne vous servirait pas d’un couteau pour ouvrir une bouteille de vin alors que vous disposez parmi vos outils d’un tire-bouchon. Il devrait en être de même pour les méthodes: les chercheurs qui se penchent sur l’éclairage de la politique, doivent développer une panoplie des compétences méthodologiques à choisir, en fonction des besoins spécifiques de chaque occasion. Une fois que vous avez ces outils à votre portée, la prochaine étape clé consiste à faire un choix judicieux. 

3. Le problème politique: la boussole pour choisir les méthodes
Mais comment savoir quand utiliser chaque méthode? Je crois que nos possibilités d’éclairer la politique dépendent largement de nos choix à cette étape. Afin d’arrêter le choix des méthodes, il nous faut envisager la question dans une perspective plus vaste. 
1. Définir le problème politique, et avoir la possibilité de le définir à la fois sur les plans technique et politique. Cela exigera un certain effort initial pour nous afin de bien saisir le contexte.
2. Déterminer l’objectif de la recherche dans chaque cas spécifique. La recherche sera-t-elle utilisée pour trouver une solution? Inclure un sujet dans l’ordre du jour? Faciliter une négociation politique? Comme vous pouvez déjà l’imaginer, toutes les méthodes ne sont pas au service de toutes ces finalités.  
3. Formuler une meilleure question de recherche, davantage alignée sur le problème spécifique à résoudre, et ce que la recherche peut accomplir dans ce cas particulier et cela avec clarté des deux premières étapes. 
4. Sélectionner la méthodologie ou la combinaison des méthodes à utiliser, ce qui est de plus logique dans votre contexte, et avec votre objectif à l’esprit. 
4. Un exemple pratique
Imaginons un pays qui pratique un Programme de Transfert Conditionnel d’Argent  depuis les dix dernières années, et actuellement, il existe un intérêt pour le réformer à cause d’une crise économique qui avait diminué le budget du gouvernement. 
La première étape consiste à identifier le problème. Malgré un soutien politique pour une réforme du programme CCT, différents acteurs adoptent différentes positions en la matière. Vous pouvez remarquer à plusieurs reprises qu’ils procèdent au référencement de la recherche tandis que la preuve est largement dispersée et dans certains cas voire contradictoire!
La deuxième étape consiste à envisager que vous pouvez vous impliquer en utilisant au mieux la preuve existante. Vous avez identifié plus de dix études sur les CCT concernant votre seul pays – il n’est pas surprenant que tous indiquent de tels résultats divergents! Votre objectif devient une volonté d’apporter davantage de clarté sur la preuve existante. 
La troisième étape consiste à répondre aux questions suivantes: que signifient toutes ces preuves en fin de compte? Sont-elles la preuve de qualité? Comment donner du sens aux résultats contradictoires?
Finalement, et seulement à ce stade que vous identifiez votre méthode, et choisissez d’effectuer une méta-analyse des études existantes sur le programme CCT, et de placer cette analyse dans la preuve plus étendue des CCTs dans d’autres pays. 
Comme vous pouvez le constater, effectuer un choix de méthode, dans le cadre d’éclaircissement de la politique est beaucoup plus complexe que de désigner des méthodes quantitatives ou qualitatives. 

5. Apprendre davantage
Si vous souhaitez apprendre davantage sur les cadres et les outils pour la recherche axée sur les politiques, vous êtes invités au Short Course on doing policy relevant research (Cours de courte durée sur la réalisation de la recherche axée sur les politiques), qui se déroulera en septembre 2016. Vous pouvez également lire une variété de blogues sur ces problématiques au Politics and Ideas

French Article - Shrimoyee, Sandhya, Debapriya

Méthodes de recherche vs Méthodologies

Chercheur scientifique principal, CSTEP




 Chercheur scientifique, CSTEP


Chercheur économique principal, CSTEP



La science de la résolution systématique des problèmes constitue la méthodologie de la recherche. Les gens confondent souvent les méthodes avec les méthodologies. La méthodologie consiste à savoir comment la recherche est menée tandis que les méthodes sont autant de moyens employés pour mener à bien une recherche. Les méthodologies sont généralement très uniques au niveau d’une recherche particulière, alors que les méthodes sont les moyens les plus établis de parvenir, à l’aide d’un appui théorique, à une méthodologie. Le choix des méthodologies et des méthodes appropriés est déterminant au cours d’une recherche de politique au sein des Groupes de Réflexion. Les méthodologies incluent des jalons ou des objectifs intermédiaires afin de trouver en fin de compte une solution à la question plus générale de recherche. Les méthodes sont sélectionnées pour accomplir les activités qui peuvent aider à atteindre les objectifs visés.

Par exemple, si l’objectif d’une recherche est de mesurer l’ampleur des changements de topographie d’une certaine zone géographique au cours d’une période donnée, la méthodologie y afférente consiste à produire les cartes de la topographie présente. Les méthodes déployées pour atteindre cet objectif comprennent la collecte et l’interprétation des données primaires grâce à des enquêtes ou à des analyses, fondées sur des données secondaires disponibles à partir de différentes sources telles que les données disponibles provenant de satellites et de sources publiques. Il s’agit là d’un risque de compréhension floue de la différence entre les méthodes de recherche et les techniques. Les techniques ou les outils sont des aspects les plus subtils d’une méthode de recherche. Par exemple, la collecte de données élémentaires par les études topographiques peut être effectuée au moyen de diverses techniques telles qu’une enquête aréolaire, un levé de plans au stadia-transit, un levé de plan à la planchette, ou les méthodes sophistiquées du Système mondial de positionnement (GPS). Dans ce cas, un chercheur peut sélectionner une technique spécifique fondée principalement sur la qualité de la production afin de constater si cela est suffisant pour répondre à la question plus générale de la recherche. Les critères tels que l’importance du facteur temps, le coût, et la disponibilité des ressources humaines compétentes etc. sont également importants à cet égard.

Les méthodes de recherche sont classées dans les grandes catégories suivantes: 

Les méthodes quantitatives facilitent la quantification ou la mise à l’essai d’un problème politique à partir de différents types d’ensembles de données. En ce qui concerne les méthodes quantitatives, les analyses mathématiques ou/et statistiques sont employées et sont généralisées pour une population plus importante et comprises dans les marges d’erreurs déterminées. Les sondages, l’examen des documents et des dossiers ayant des données numériques sont des méthodes quantitatives courantes prescrites dans la recherche.

Les méthodes qualitatives sont étudiées afin de comprendre le problème politique en termes d’opinions, de motifs et d’une motivation profonde. Ces méthodes décrivent le problème politique du point de vue de ceux qui en font l’expérience. Comparativement, les méthodes qualitatives sont davantage subjectives que les méthodes quantitatives. Dans des discussions avec les groupes cibles, des entretiens approfondis, l’examen des documents ayant trait au problème politique sont autant de méthodes qualitatives courantes utilisées dans la recherche.

Les méthodes  pragmatiques/combinées– comme le nom l’indique il s’agit d’une combinaison des méthodes qualitatives et quantitatives. Une fois qu’une certaine analyse statistique ou numérique est achevée pour un problème politique, le dernier peut être mis à l’essai via des méthodes qualitatives sous forme d’entretiens et de discussions en groupes cible. Les méthodes pragmatiques ou combinées permettent d’équilibrer les limites d’un type de méthode en s’appuyant sur la force de l’autre.

D’autre part, les méthodologies de recherche sont sélectionnées en fonction du type de recherches telles que la recherche longitudinale, la recherche empirique, la recherche quantitative ou qualitative, la recherche historique, la recherche analytique, la recherche expérimentale et exploratoire etc.

Le choix des méthodes de recherche à partir des catégories mentionnées ci-dessus est fondé sur la méthodologie de la recherche adoptée pour un type particulier de recherche sur lequel se concentre le problème politique. Il existe souvent des débats parmi les chercheurs sur le choix entre les méthodes qualitatives et quantitatives. Il est important de retenir que la recherche de la politique publique comporte deux dimensions importantes – la connaissance et la valeur. Le degré de certitude (ou son absence) dans chacune de ces dimensions détermine si un problème politique est structuré, non structuré ou modérément structuré (Politiques et Idées, “Mener une recherche politiquement pertinente– réponses aux problèmes politiques”, Module 4, 2015-16). Procéder à un brainstorming sur les méthodologies et les méthodes de recherche au niveau primaire de la recherche peut s’avérer précieux pour un Groupe de Réflexion dans la compréhension des types de défis pour un écosystème de recherche particulier et ainsi être conscient du type de résultat de recherche à envisager. En bref, ce sont tous les deux des facteurs importants dans la création des conditions favorables à la production d’un impact désiré à partir d’une recherche.

Friday, 20 May 2016

Aditi Bulletin Issue 5

Note from Managing Editor
The current issue focuses on Research Methodology. Several Think Tanks as a policy research organisation conduct different types of researches, some follow particular methodologies, some develop methodologies based on the research topic, some use random approaches.  While there is no defined research methodology/ies to use for a topic or theme, researchers adopt methods to suit their research. In order to arrive at the desired result/s researchers opt for research methodologies to ensure that the research is gainful and meaningful. As always, we received several contributions from a varied list of people and organisation. I would like to thank all the members of the Editorial Board to provide their continued support.

Regards
Managing Editor, Aditi

Editorial 


Will Paxton
Director of Kivu International 



Guy Lodge
Director of Kivu International




A Think Tank’s reputation will rise and fall depending on the quality of its research. Producing a shoddy piece of work that unravels in the face of external scrutiny can take a Think Tank a long time to regain its credibility.

If research is to be strong enough to withstand the full force of interrogation from policy-makers, the media and others, then self-evidently it is important to use appropriate and robust research methodologies.

But one needs to be clear what we mean by ‘appropriate’ and ‘robust’ and relate these  to the environment in which Think Tanks operate. This means being clear about the two most significant ways in which Think Tank research differs from that undertaken by academic institutions.

Firstly, to be influential Think Tanks have to work within timelines set by policy-makers and politicians. These can be incredibly tight and constrain the type of research methods a Think Tank can adapt. While an academic research project might last 5 years, the typical length of a Think Tank project is often between 6-12 months. Randomised control trials, to pick a voguish academic methodology, are just not an option when you have so little time to play with. (RCTs are also very expensive – and Think Tanks, in our experience, seldom have the resources to pay for them).

Time pressures force Think Tanks to adopt mixed methodologies – very often combining secondary analysis of existing research, with selective primary research (such as a poll or some original quantitative work). A good Think Tank will add considerable value by synthesising and clarifying academic research, and using it to help inform policy advocacy. Balancing a mix of secondary and primary research methods means a Think Tank has to be versatile.

Second, Think Tanks are primarily in the business of influencing policy. This has important implications for research methodologies. Practically it means you have to give more weight to methods that help you solve problems, not analyse them. This means being able to cost the policy options you are proposing – and saying how they will be paid for when resources are scarce. It also means being able to conduct distributional analysis, showing who the “winners” and “losers” will be from the policy change you are pushing. Comparative research is also important, as it can help identify and adapt policies that have been shown to address the problem your own country faces.

Of course Think Tanks vary significantly in terms of their size, resources and staff skills – they’re not all locked into trying to influence short-term policy debates. A good Think Tank will often be juggling a mix of projects using a broad range of methodologies: some responding to the here and now, and others engaged in more long-term thinking that is trying to anticipate the future.

Finally, Think Tank research methods must be judged against standards that reflect the reality of the environment in which they operate. The test should not be methodological purity for the sake of it. Instead, Think Tanks should ask whether their research is policy-relevant? Have the research methods been designed to help you understand – and get over - the barriers to change on an issue? Is it politically savvy - that is, do the recommendations stand a chance of being implemented?



Articles
Research Methods to study on Think Tanks
by Enrique Mendizabal, Founder of On Think Tanks

Research Methods Vs Methodologies
by Shrimoyee Bhattacharya, Senior Research Scientist, CSTEP, Sandhya Sundararagavan, Research Scientist, CSTEP and Debapriya Das, Senior Research Economist, CSTEP

Methodological choices to inform policy 
by Andrea OrdonezAssociate of Politics & Ideas

Lessons from Teaching Research Methodology at IPS
by Nisha Arunatilake, Fellow at Institute Of Policy Studies Of Sri Lanka

Sharing the Whole Research Map
by Bruno Paschoal, Director of OndaPolitica




Interviews

Sabyasachi Kar - Associate Professor Institute of Economic Growth

Sebastian Maslow, Assistant Professor (Political Science) at Tohoku University

Thoughts from  ZHU Xufeng, Professor Ph.D., Tsinghua University, China



Case Study

by Lorena Alcazar Valdivia, Director of Research at GRADE and Miguel Jaramillo, Executive Director and Senior Researcher at GRADE

by Shrimoyee Bhattacharya, Senior Research Scientist, CSTEP

Sujatha Byravan Principal Research Scientist, CSTEP


                         

Humour


Concept - Dr. Jai Asundi, Principal Research Scientist, CSTEP
Illustration - Sandeep Khasnavis, Graphic Designer, CSTEP



Cross Posting


                            

Interesting Readings

Involving Children and Young People in Research
Summary: The papers demonstrate that there is now a considerable wealth of experience with participatory research in Australia. Together the papers identify the strengths, the challenges, the complexities —and the enjoyment — of participatory research. The Think Tank provided a unique opportunity for experts from many sectors and from all around Australia to discuss their collective experience and knowledge of participatory research. We hope the compendium is a first step toward developing a collective understanding of how best to involve children and young people in research for their benefit, the benefit of their communities, and for the benefit of research.


Webinar on Research Methodologies especially designed for Think Tanks and organised by Atlas Network
This webinar is part of a series by Atlas Leadership Academy, which provides a robust series of credit-based training opportunities that allow participants to sharpen their skills in management, communications, and fundraising while building their free-market organization. This episode deals with conducting policy research within think tanks by Jeff Miron, Director of Economic Studies at the Cato Institute. Jeff provided an introduction to key research methodologies, when to use them, and how to employ research to effect policy change.

Conference on Methodologies for Researching Think Tanks: Case Studies
MARCOS GONZALEZ HERNANDO
This piece is cross posted from On Think Tanks


Compiled by: Dr. Annapoorna Ravichander, Head, Communication and Policy Engagement, CSTEP