Sabyasachi Kar
Professeur associé, Institute of Economic Growth
Kunal Sen
Professeur of Development Economics & Policy, SEED, University of Manchester, UK
Nota: Les questions ci-dessous sont destinées à une conversation avec le chercheur plutôt qu’à une enquête
Ces
questions font l’objet d’une recherche pour un livre à paraître édité chez Palgrave
MacMillan:
The
Political Economy of India's Growth Episodes de Sabyasachi Kar (Institute
of Economic Growth, India) et de Kunal Sen (IDPM, University of Manchester, UK).
Résumé du livre
Pendant des décennies à la suite de son accession à l’indépendance, l’économie indienne a souffert des faibles perspectives de croissance, ce qui est décrit depuis lors sous le fameux nom de 'le taux Hindou'. Au cours de la fin des années 1970 ou du début des années 1980, les choses ont commencé à s’améliorer et dès le second semestre de 1990 et durant les années 2000s, le rapport de forces s’est complètement modifié avec l’entrée de l’Inde dans le petit groupe de pays qui constituaient des exemples de succès de croissance. Pourtant, récemment, ce récit du miracle de la croissance émergente de l’Inde était mis en question lorsque les taux de croissance ont ralenti considérablement après 2010. Ce livre tente d’expliquer ces épisodes de croissance distincts en Inde en allant au-delà des déterminants immédiats de la croissance tels que l’investissement, l’export, l’infrastructure etc., et présentant un cadre d’analyse d’économie politique reliant ces épisodes aux changements plus importants dans l’économie et la politique. Nous soutenons que les transitions d’un épisode de croissance à un autre peut s’expliquer par les relations bidirectionnelles entre les résultats de croissance et les arrangements institutionnels, et la façon dont les arrangements institutionnels et leurs transitions sont déterminés par les négociations politiques conclues entre les groupes d’élite dans la société indienne.
Pendant des décennies à la suite de son accession à l’indépendance, l’économie indienne a souffert des faibles perspectives de croissance, ce qui est décrit depuis lors sous le fameux nom de 'le taux Hindou'. Au cours de la fin des années 1970 ou du début des années 1980, les choses ont commencé à s’améliorer et dès le second semestre de 1990 et durant les années 2000s, le rapport de forces s’est complètement modifié avec l’entrée de l’Inde dans le petit groupe de pays qui constituaient des exemples de succès de croissance. Pourtant, récemment, ce récit du miracle de la croissance émergente de l’Inde était mis en question lorsque les taux de croissance ont ralenti considérablement après 2010. Ce livre tente d’expliquer ces épisodes de croissance distincts en Inde en allant au-delà des déterminants immédiats de la croissance tels que l’investissement, l’export, l’infrastructure etc., et présentant un cadre d’analyse d’économie politique reliant ces épisodes aux changements plus importants dans l’économie et la politique. Nous soutenons que les transitions d’un épisode de croissance à un autre peut s’expliquer par les relations bidirectionnelles entre les résultats de croissance et les arrangements institutionnels, et la façon dont les arrangements institutionnels et leurs transitions sont déterminés par les négociations politiques conclues entre les groupes d’élite dans la société indienne.
Q:
Dans cette recherche, l’un des points de l’engagement qui attire l’attention
du lecteur est la profonde compréhension qui détecte et aborde (sous forme de
connaissance et de preuve) la dynamique vécue de la croissance et du
développement dans les pays.
Les
mots qui figurant dans cette recherche tels que la complexité, l’ordre, le
désordre, les expériences de croissance, les espaces de produit suggèrent une
distanciation par rapport à l’économie pure.
Q: Comment
cette recherche commence-t-elle et évolue-t-elle dans l’esprit des chercheurs comme
vous-même Sabyasachi et Kunal Sen? Le cadre/théorie de Lant Pritchett était-il/elle
un espace de pensée que vous avez déjà habité(e) avant que cette recherche ne
commence?
Le
cadre de Lant aide à expliquer certaines énigmes associées aux institutions et à
la croissance, en particulier dans les pays en voie de développement. Méthodologiquement,
ce cadre peut être testé en utilisant des résultats d’études portant sur
plusieurs pays et des études de cas portant sur un pays particulier. Notre
précédent travail et les publications faisaient l’objet des données
internationales et nous voulions toujours les faire suivre par les études de
cas portant sur un pays particulier car celles-ci fournissaient une
compréhension plus détaillée de ces problématiques. C’est ce qui nous a conduits
à assumer l’étude d’Inde.
Q: Pourriez-vous
partager avec nous la méthodologie de recherche que vous avez adoptée pour ce
livre? Comment décrivez-vous la nature des preuves et les résultats obtenus de
cette étude? Pour le lecteur cela constitue un grand intérêt étant donné que
les résultats semblent offrir un cadre d’apprentissage d’utilisation pratique et
d’expérimentation (surtout pour les décideurs politiques) plutôt que la preuve considérée
comme une vérité absolue.
Il
existe quatre types distincts de méthodologies que nous avons adoptées dans ce
livre. La première est une approche statistique qui est utilisée pour identifier
les régimes distincts de croissance de l’économie indienne pendant la période postindépendance.
La seconde c’est un ensemble d’enquêtes exploratoires auprès des
informateurs clés qui nous ont permis de comprendre la nature des institutions informelles
en Inde. La troisième c’est une approche analytique qui a utilisé les données existantes
et publications en vue de soutenir nos hypothèses. Finalement, la quatrième méthodologie
utilisée est un ensemble d’études de cas propres aux secteurs et aux
entreprises qui ont permis une meilleure compréhension des problématiques.
Q:
Quel est le point de départ dans cette méthodologie qui est utilisé pour
cette étude de recherche par rapport aux précédentes méthodologies que vous
utilisez? Comment est-il différent?
Les
problématiques abordées dans ce livre sont multidimensionnelles, complexes et ne
se prêtent pas facilement à la quantification. Nous savions dès le début qu’une
approche méthodologique standard n’était pas susceptible de les éclairer suffisamment.
De ce fait, le principal départ – du point de vue méthodologique – consistait à
adopter plusieurs méthodologies et outils alternatifs afin de donner du sens à
ces problématiques.
Q:
Quels ont été les défis auxquels vous avez dû faire face (en ce qui concerne la
méthodologie ou d’autres aspects tels que attirer l’attention de différents publics
etc.) dans la conduite d’une recherche comme celle-ci?
L’un
des défis les plus critiques a été d’obtenir les informations sur les activités
qui sont considérées moralement ou légalement inacceptables (par exemple le
partage du profit parmi les groupes élites et le capitalisme de connivence) ou qui
sont non-transparentes de nature ("ententes spéciales" entre les
élites politiques et économiques).
Q: Quel serait d’après vous l’impact de cette recherche?
Les
ouvrages d’avant-garde sur la croissance économique des pays en voie de
développement a déplacé l’attention des déterminants immédiats tels que
l’investissement, les exports, la politique etc. vers des facteurs profonds
tels que les institutions économiques et politiques. Une analyse du rôle de ces
déterminants profonds dans l’essor économique de l’Inde, a été pourtant limitée.
Ce livre tente de corriger cette lacune et encouragera sans faute davantage de contributions
à ce domaine d’étude important.
Interviewé par Susan Koshy
Designer des Expériences d’Apprentissage, Traducteur de la Connaissance et Curateur
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