Friday, 10 June 2016

French Article - Bruno Paschoa

Partage de la carte de la recherche




Dans tout projet de recherche politique ou en sciences sociales, un grand nombre de données est recueilli et produit par les chercheurs et par leur équipe sous forme de publications, base de données, flux de travail, diapositives, méta données, journaux, transcriptions des entretiens, législation, pour n’en citer que quelques-unes. Il s’agit là des objets de recherche qui seront analysés, puis les constatations et les rapports seront appuyés par les éléments de preuve. Cependant, la plus grande partie de ces données n’est jamais publiée, ni partagée avec personne en dehors de l’équipe de recherche.

Pour utiliser une métaphore, si tous ces objets forment une carte de recherche,                          ce que rendent public les chercheurs n’est qu’un chemin à travers la carte – un document, une présentation, une conférence – mais jamais la carte entière. Les lecteurs ne peuvent pas trouver leur chemin tout seuls et sont obligés de suivre les voies linéaires mises en place par le chercheur.
 Lien de présentation de Prezi: https://prezi.com/embed/2mlurujmuon2/

Chez Onda, nous croyons que le partage de la carte de recherche complète (ou d’une majeure partie de celle-ci) peut assurer différents avantages non seulement pour les chercheurs mais également pour la société entière car, en agissant de la sorte, cela pourra faire accroître les retombées des projets de recherche en:

1. assurant davantage de transparence et en permettant une meilleure reproductibilité: lorsque les lecteurs ont un accès facile aux objets sur la base desquels a été réalisée une analyse de recherche (les données “brutes”), ils seront en mesure d’effectuer une meilleure évaluation de la fiabilité des informations, de vérifier l’exactitude de l’analyse et des résultats, de reproduire des résultats et voire d’établir des contacts avec les auteurs en vue de solliciter des suggestions, de faire des corrections et d’apporter des améliorations pour les versions futures.

2. élargissant le public potentiel: on est à la recherche d’informations à plusieurs reprises sur un sujet donné (l’histoire d’une politique, par exemple) et on trouve un document y afférent, mais avec une approche différente (une étude de son efficacité). Pourtant, dans ce document, on constate un chapitre superficiel (secondaire/de base) à propos de son histoire, même en citant un entretien réalisé ou un document recueilli mais pas disponible sur Internet. Dans ce cas, si on avait accès à une carte de recherche, on pourrait obtenir les objets pertinents (secondaires), les recentrer et reconnaître toujours la contribution de l’ ou des auteur(s) en citant le projet de recherche, source de données obtenues.

3. économisant le temps et les ressources provenant des autres: dans le cadre de nombreux projets, la collecte et la préparation des données sont consommatrices de temps: la compilation ou la transcription des données quantitatives provenant de différentes sources peuvent prendre plus de temps que l’exécution de régression et l’analyse des résultats; conduire un entretien avec un acteur clé implique d’habitude des déplacements et des coûts d’opportunité que certains ne peuvent se permettre. En partageant la carte avec les autres, on pourrait réduire les coûts et économiser le temps des autres en leur permettant ainsi de réutiliser et recycler leurs efforts déployés précédemment.

Chez Onda, ce sont des moyens différents que l’on expérimente pour ouvrir la carte de recherche aux autres: allant du partage avec les autres du dossier principal de la recherche au moyen de Dropbox ou de Google Drive à la création des rapports multimédia et interactifs au moyen à l’aide du logiciel tel que Scalar. Toutes les tentatives sont analysées, les obstacles rencontrés sont éliminés, puis les compétences nécessaires et les incitations souhaitées sont déterminées et partagées.

Jusqu’à présent, nous avons relevé trois éléments manquants qui auraient le potentiel de changer la situation:

1. Les incitations manquantes: Les parties prenantes qui pourraient plus facilement inspirer ce changement– les revues et les bailleurs de fonds – n’ont plus besoin de demander aux chercheurs de partager leurs objets de recherche (surtout dans le cadre des sciences qualitatives).

2. Les outils manquants: Malgré le fait qu’Il existe un nombre croissant de dépôts de données en ligne (en principe, le lieu de partage des données), ce n’est rien d’autre qu’un espace de stockage et ne permet vraiment pas d’accès facile et lié aux données aux utilisateurs.

3. La communauté manquante: Actuellement, très peu de personnes travaillent sur cette problématique de sorte qu’aucune communauté n’utilise ni adopte les outils existants, aucune communauté partage ses leçons et ses connaissances sur le partage de données (comme c’est le cas d’un mouvement des logiciels libres).

En résumé, si nous souhaitons voir davantage de cartes de recherche disponibles en ligne, nous devons commencer à mener des expériences pour démontrer aux autres les avantages du partage. Il n’y a rien de plus beau que le pouvoir de l’exemple pour inspirer le changement, que de mettre en place un mouvement et une communauté dotés de suffisamment de pouvoir pour exercer une influence sur les bonnes parties prenantes afin de changer le status quo. Soyons ce changement que nous souhaitons voir dans le monde; chez Onda, nous avons déjà contribué à l’étape initiale. Consultez notre dernier projet  et veuillez nous envoyer vos commentaires.

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