Choix méthodologiques pour éclairer la politique
Associé de Politics & Ideas
Il existe une perception persistante qu’il y a une tension entre la recherche rigoureuse et la recherche pertinente (tension between rigorous research and research being relevant), ce qui accroît ainsi la chance d’avoir un impact. Bien évidemment, je comprends les origines de cette tension. Par exemple, certaines méthodes rigoureuses nécessitent davantage de temps que celles accordées par les fenêtres politiques, une réconciliation qui n’est pas toujours facile.
Néanmoins, je crois qu’il devrait y avoir des possibilités par lesquelles une recherche peut effectuer de meilleurs choix méthodologiques qui peuvent s’avérer rigoureuses et cohérents également avec le contexte politique. C’est pourquoi dans Politics et Ideas, nous développons un ensemble d’outils, et des stratégies du renforcement des capacités qui ont pour but d’accompagner les chercheurs dans le manœuvre parmi les choix méthodologiques avec la boussole orientée sur les priorités politiques. Sur ce sujet, j’aimerais bien partager quelques idées justement sur le manœuvre parmi les choix méthodologiques que les chercheurs peuvent garder en esprit pour leurs projets actuels et futurs.
1. La distinction entre la recherche qualitative et quantitative n’est pas très informative.
Lorsque les chercheurs décrivent leurs choix méthodologiques, ils déclarent d’habitude s’ils se servent de méthodes quantitatives, qualitatives ou mixtes. Ces catégories n’aident pas vraiment à la compréhension précise de ce qui se passe, ni comment cela répond en tant que question de recherche. Par ailleurs, cela peut évoluer vers une concurrence entre ceux qui appartiennent au “camp” qualitatif et ceux du « camp » quantitatif, une discussion peu féconde, car chaque méthode présente ses points forts au niveau de certains types de questions, et ses limites au niveau des autres. Dans le cadre de l’évaluation de ce qui est la meilleure méthode, essayez de changer de perspective et d’aller au-delà de ces catégories.
2. Les méthodes de recherche comme votre propre couteau suisse
L’une des façons d’envisager les méthodes consiste à imaginer qu’elles sont comme un couteau suisse: un ensemble d’outils, chacune dotée d’une force particulière. Par exemple, vous ne vous servirait pas d’un couteau pour ouvrir une bouteille de vin alors que vous disposez parmi vos outils d’un tire-bouchon. Il devrait en être de même pour les méthodes: les chercheurs qui se penchent sur l’éclairage de la politique, doivent développer une panoplie des compétences méthodologiques à choisir, en fonction des besoins spécifiques de chaque occasion. Une fois que vous avez ces outils à votre portée, la prochaine étape clé consiste à faire un choix judicieux.
3. Le problème politique: la boussole pour choisir les méthodes
Mais comment savoir quand utiliser chaque méthode? Je crois que nos possibilités d’éclairer la politique dépendent largement de nos choix à cette étape. Afin d’arrêter le choix des méthodes, il nous faut envisager la question dans une perspective plus vaste.
1. Définir le problème politique, et avoir la possibilité de le définir à la fois sur les plans technique et politique. Cela exigera un certain effort initial pour nous afin de bien saisir le contexte.
2. Déterminer l’objectif de la recherche dans chaque cas spécifique. La recherche sera-t-elle utilisée pour trouver une solution? Inclure un sujet dans l’ordre du jour? Faciliter une négociation politique? Comme vous pouvez déjà l’imaginer, toutes les méthodes ne sont pas au service de toutes ces finalités.
3. Formuler une meilleure question de recherche, davantage alignée sur le problème spécifique à résoudre, et ce que la recherche peut accomplir dans ce cas particulier et cela avec clarté des deux premières étapes.
4. Sélectionner la méthodologie ou la combinaison des méthodes à utiliser, ce qui est de plus logique dans votre contexte, et avec votre objectif à l’esprit.
4. Un exemple pratique
Imaginons un pays qui pratique un Programme de Transfert Conditionnel d’Argent depuis les dix dernières années, et actuellement, il existe un intérêt pour le réformer à cause d’une crise économique qui avait diminué le budget du gouvernement.
La première étape consiste à identifier le problème. Malgré un soutien politique pour une réforme du programme CCT, différents acteurs adoptent différentes positions en la matière. Vous pouvez remarquer à plusieurs reprises qu’ils procèdent au référencement de la recherche tandis que la preuve est largement dispersée et dans certains cas voire contradictoire!
La deuxième étape consiste à envisager que vous pouvez vous impliquer en utilisant au mieux la preuve existante. Vous avez identifié plus de dix études sur les CCT concernant votre seul pays – il n’est pas surprenant que tous indiquent de tels résultats divergents! Votre objectif devient une volonté d’apporter davantage de clarté sur la preuve existante.
La troisième étape consiste à répondre aux questions suivantes: que signifient toutes ces preuves en fin de compte? Sont-elles la preuve de qualité? Comment donner du sens aux résultats contradictoires?
Finalement, et seulement à ce stade que vous identifiez votre méthode, et choisissez d’effectuer une méta-analyse des études existantes sur le programme CCT, et de placer cette analyse dans la preuve plus étendue des CCTs dans d’autres pays.
Comme vous pouvez le constater, effectuer un choix de méthode, dans le cadre d’éclaircissement de la politique est beaucoup plus complexe que de désigner des méthodes quantitatives ou qualitatives.
5. Apprendre davantage
Si vous souhaitez apprendre davantage sur les cadres et les outils pour la recherche axée sur les politiques, vous êtes invités au Short Course on doing policy relevant research (Cours de courte durée sur la réalisation de la recherche axée sur les politiques), qui se déroulera en septembre 2016. Vous pouvez également lire une variété de blogues sur ces problématiques au Politics and Ideas.
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